3.3 - Interpréter les résultats

 

Il ne faut pas oublier que toute étude est menée dans le but d’apporter des informations utiles à la compréhension d’une dynamique naturelle ou liée à la gestion du site. S’il est important de savoir calculer, il est tout aussi important de savoir interpréter les résultats obtenus (ou au moins proposer une interprétation). Il faut avoir le personnel et les compétences pour l’exploitation des résultats.

L’interprétation des résultats n’est pas toujours immédiate. Elle doit se faire dans le cadre des limites de la méthode, dans l’optique de répondre à l’objectif visé par le gestionnaire, et doit apporter des réponses aux hypothèses formulées au départ. Si la méthodologie a été minutieusement planifiée, une seule interprétation est possible et les sources d’erreurs sont nulles ou faibles (SCHERRER, 1984).

Les résultats du suivi permettent d’évaluer la pertinence de la gestion décidée et mise en place, c’est pourquoi leur interprétation doit être univoque et basée sur des données fiables. Il ne faut cependant pas sous-estimer les sources d’erreurs. Il y en a toujours, même avec les observateurs les plus expérimentés. Il faudra donc être prudent quant à l’analyse qui peut être faite des données (voir chapitre 3.1.2. «Evaluer les données»). Le principal problème que risque de rencontrer le gestionnaire réside dans la difficulté de distinguer les fluctuations «naturelles» des tendances extérieures ou liées à la gestion.

Dans le cadre de l’étude expérimentale réalisée dans la RN de la Truchère-Ratenelle (voir aussi
exemple page 18), une partie des résultats n’a pas été exploitée à cause de la faiblesse des effectifs d’amphibiens. Dans certaines cages les têtards ont complètement disparus. A l’inverse, d’autres se sont trouvées colonisées par des pontes allochtones. Cette erreur est principalement due à la carence d’étanchéité du couvercle des cages.

Il faut aussi avoir connaissance de ce qui se passe en dehors des limites de l’espace naturel. Le gestionnaire doit être conscient que la mobilité des espèces, notamment des oiseaux, des chauves-souris ou encore des grands mammifères (carnivores principalement), rend parfois délicate l’interprétation de séries de données sur un site.

Un site bien géré pour des canards hivernants peut très bien voir leurs effectifs y décroître… si parallèlement d’autres sites proches deviennent encore plus attractifs.

Suivi et surveillance continue, mythes et faits

- beaucoup de données ne signifie pas qu’on aura beaucoup d’informations ;

- utilisation d’instruments et méthodes complexes ne signifient pas suivi rigoureux ;

- un suivi (même bon) ne répond qu’à ce pour quoi il est conçu ;

- se méfier des liens de causalité trop rapides (exemple : augmentation des canards car bonne gestion) ;

- les protocoles de suivis sont souvent affectés par des facteurs extérieurs : un travail agréable est fait plus souvent (observation des oiseaux par exemple) ;

- bien évaluer les moyens requis par rapport à ceux disponibles. Si besoin : réduire ses ambitions, abandonner le programme, mais dans tous les cas ne pas pencher vers une rigueur moindre ;

- le gestionnaire est décideur. Il doit souvent agir sans avoir toutes les données souhaitables (pas possible de tout suivre).

D’après PERENNOU et al. (1999)