A propos

  • Lancée dans les années 70, la célèbre formule «bien connaître pour mieux gérer» n’a pas pris une seule ride. Les gestionnaires d’espaces protégés ne cessent de s’en inspirer pour identifier les objectifs de gestion des milieux naturels et semi-naturels. C’est d’ailleurs la même logique qui a prévalu à la réflexion méthodologique pour la mise en oeuvre des plans de gestion des réserves naturelles, amorcée depuis 1987 par la commission scientifique de Réserves Naturelles de France. La poursuite de cette réflexion a naturellement conduit à la réalisation d’un programme de recueil d’informations et d’expériences relatives aux suivis scientifiques et techniques au sein du réseau des réserves naturelles et des réserves naturelles volontaires, lancé en 1999. Le présent document constitue le premier tome d’un ensemble de publications consacrées aux méthodologies des études scientifiques.
  • Les études menées dans les espaces naturels portent sur différents compartiments abiotiques et biotiques, ainsi que sur les facteurs sociaux. La collecte de données est souvent longue et fastidieuse et, dans la mesure où il n’est pas possible de tout suivre par manque de moyens, tant financiers qu’humains, il importe que les différents suivis soient définis en appui à des objectifs et à une politique de gestion.
  • Le présent document est destiné en priorité aux organismes gestionnaires d’espaces naturels bénéficiant d’un plan de gestion ou d’un document d’objectifs, désireux de mettre en place des études pour une meilleure connaissance du patrimoine naturel et de son état de conservation. Son ossature est basée sur un cadre méthodologique alimenté de conseils et d’exemples pris dans la bibliographie et les expériences des réserves, qui guideront le gestionnaire dans les choix qu’il aura à faire pour mener à bien une étude. Ces choix méthodologiques devront être définis avec la plus grande attention et en amont de la phase de collecte, afin de disposer de données permettant une analyse pertinente.
  • Pour mieux évaluer les résultats, il semble désormais une priorité de constituer des états de référence à l’échelle de chaque espace protégé ou pour chaque type d’habitat, mais également à l’échelle nationale voire européenne. Cela nécessite une harmonisation de certains protocoles, dans un but multiple de valoriser les suivis menés dans les espaces protégés à travers des études diachroniques et synchroniques, d’approfondir la connaissance du fonctionnement et de la dynamique à long terme des écosystèmes, d’évaluer l’impact des changements globaux sur la biodiversité, d’évaluer les pratiques de gestion interventionniste et non interventionniste, et d’évaluer les opérations de restauration écologique.
  • L’intérêt des suivis scientifiques pour la gestion des espaces naturels sensibles n’est plus à démontrer, et le recueil d’informations sur la composition spécifique, la structure et le fonctionnement des écosystèmes devrait être affirmé comme une mission prioritaire sous la responsabilité des gestionnaires. Cependant, les résultats pertinents permettant d’orienter ou de conforter les orientations de gestion ne sont souvent disponibles, au mieux, qu’au bout d’une dizaine d’années. Un des problèmes majeurs que rencontre alors les gestionnaires est la pérennité des opérations de suivis qui, basés sur des budgets d’investissement et non de fonctionnement, ne sont pas garanties d’un financement sur le long terme, conformément à la logique des plans de gestion.

Frédéric BIORET
Président de la Commission Scientifique de RNF jusqu’en 2002.
Membre du bureau du Conseil d’administration de RNF.